Les pertes subies par les Juifs expulsés des pays arabes

Les pertes subies par les Juifs expulsés des pays arabes
Un rapport de l’ONU révèle 263 milliards de dollars de pertes subies par les Juifs expulsés des pays arabes depuis 1948
Une nouvelle étude exhaustive, qui doit être présentée à l’ONU, révèle l’ampleur des pertes subies par les communautés juives des pays arabes. La population juive de ces pays est passée d’un million à seulement 12 000 personnes. « Il est temps de reconnaître l’histoire de tous les peuples de la région ; c’est seulement alors qu’un véritable pont vers la réconciliation et la paix pourra être construit », indique le rapport.
par Hanan Greenwood
À la veille de l’ouverture de la session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève, onze rapports détaillés documentant le sort des communautés juives au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ont été publiés dimanche. Préparés par l’organisation internationale Justice pour les Juifs des pays arabes (JJAC), ces rapports révèlent pour la première fois l’ampleur des dégâts : le déclin dramatique, voire la disparition complète, de communautés juives millénaires, accompagné de pertes matérielles massives.
Ces rapports recensent les pertes des réfugiés juifs d’Algérie, d’Égypte, d’Iran, d’Irak, du Liban, de Libye, du Maroc, de Syrie, de Tunisie, du Yémen et d’Aden. Ils ont été compilés pendant cinq ans par le JJAC, à partir de témoignages personnels, de données statistiques et de documents d’archives provenant de 22 centres d’archives situés en Israël, au Canada, en France, en Suisse, en Grande-Bretagne et aux États-Unis.
Chacun des 11 rapports retrace l’histoire des anciennes communautés juives qui ont vécu au Moyen-Orient et en Afrique du Nord pendant des millénaires, quelque 1 000 ans avant l’essor de l’islam. Elles ont vécu des siècles sous la domination musulmane en tant que dhimmis, un statut juridique subordonné pour les non-musulmans, ont traversé la domination ottomane et coloniale, puis ont subi des persécutions sous le nationalisme arabe et l’islamisme, avant de fuir, d’immigrer ou d’être expulsées.
L’étude, présentée pour la première fois à l’ONU, sera dévoilée lors d’une table ronde dédiée, le jour de l’ouverture de la session du Conseil des droits de l’homme, intitulée : « À la recherche de la vérité, de la justice et de la réconciliation – Les réfugiés juifs du Moyen-Orient ». Cette table ronde se tiendra le 8 septembre à Genève.
Cette présentation, organisée conjointement par le JJAC et B’nai B’rith International, réunira un panel d’experts. Les résultats révèlent un effondrement démographique spectaculaire : en Tunisie, 105 000 Juifs vivaient en 1948, contre environ 1 500 aujourd’hui. En Algérie, 140 000 Juifs vivaient en 1948 ; en 2025, il n’en reste plus aucun. En Irak, où vivaient 135 000 Juifs en 1948, il n’en reste plus que cinq aujourd’hui.
Selon l’étude, plus de 99 % des Juifs d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient ont quitté le pays ou ont été expulsés. La région est aujourd’hui de fait « Judenrein », purifiée de ses Juifs, après des milliers d’années de présence juive continue. Outre cette dévastation démographique, les rapports font état de pertes matérielles estimées à 263 milliards de dollars. Les pertes les plus importantes ont été enregistrées en Iran (61 milliards de dollars), en Égypte (59 milliards de dollars) et en Irak (34 milliards de dollars), les chiffres étant ajustés aux valeurs de 2024. En 1948, les pertes par habitant variaient de 4 864 à 15 295 dollars, selon les pays.
« Alors que le Moyen-Orient est confronté à une réalité de plus en plus complexe et fragile, et que l’appel mondial à la justice et à la paix se fait de plus en plus pressant », indique le rapport, « il est temps de reconnaître l’histoire de tous les peuples de la région, y compris celle des communautés juives qui ont vécu au Moyen-Orient et en Afrique du Nord pendant des millénaires. Ce n’est qu’alors qu’un véritable pont vers la réconciliation et la paix pourra être construit. »
« L’histoire des communautés juives du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord est celle d’une minorité persécutée, déracinée de ses terres d’origine, qui a subi d’immenses pertes en biens personnels – maisons, entreprises, possessions – ainsi qu’en biens juifs communautaires tels que synagogues, écoles, cimetières et trésors culturels, sociaux et spirituels. »
« L’ampleur des pertes subies par les communautés juives à travers la région est énorme et n’a reçu presque aucune reconnaissance dans le discours international sur les réfugiés au Moyen-Orient », a déclaré le rabbin Elie Abadie, coprésident du JJAC.
« En cette ère de réconciliation historique, inspirée par les accords d’Abraham, il est temps d’affronter l’histoire avec honnêteté et courage. Ce n’est que par la vérité, la justice et la reconnaissance mutuelle que les peuples de la région pourront progresser vers un avenir de dignité et de paix durable », a ajouté Sylvain Abitbol, coprésident du JJAC.