Gaza, de drôles d’experts – Jean Corcos

Gaza, de drôles d’experts – Jean Corcos
L’image d’Israël s’est fortement dégradée au cours des derniers mois ; sous le prétexte de solidarité avec la souffrance, réelle, des civils de Gaza les Juifs subissent partout un tsunami d’agressions, souvent physiques : or, dans ce contexte affreux on n’a jamais vu autant « d’experts » respectables par leur fonction (institutions de l’ONU, ONG, associations) se mobiliser de façon aussi virulente. Un réflexe purement défensif consisterait à remettre systématiquement en cause les discours critiques. Ce serait une erreur : aucune guerre n’est « propre », et l’État juif n’est pas infaillible a priori. Mais lorsque ceux qui jouent les procureurs prouvent leur indifférence à d’autres causes humanitaires encore plus tragiques, manifestent leur sympathie pour le Hamas ou se comportent en escrocs, alors il faut savoir les identifier et les dénoncer.
Jean-François Corty, président de Médecins du Monde
Sur le site de son association, le dossier « Palestine », s’ouvre par un narratif digne du Hamas :« Forcés d’abandonner leurs terres il y a plus de 75 ans, les Palestiniens vivent sous occupation israélienne depuis plus de 55 ans (aucune mention de l’évacuation de Gaza il y vingt ans) ; en contraste, aucune évocation de la barbarie des massacres du 7-Octobre ou des centaines d’otages. Dès le début de la guerre (30 novembre 2023), ce médecin a dit aux Assises de la presse indépendante « Le pronostic vital de presque deux millions de personnes est engagé ». Par la suite, entre interviews, publications et manifestations diverses, ce médecin très engagé a porté contre Israël les pires accusations possibles. « Les blocus et bombardements de l’armée israélienne sont en train d’occasionner une famine intentionnelle aux allures de génocide » (France 24, 11 juillet 2024) ; « La faim, la soif, la destruction du bâti sont utilisés comme une arme de guerre par les autorités israéliennes. » (TV5 Monde, 30 mai 2025). Le docteur Corty a consacré sur son compte X (ex-Twitter), 92 publications à Gaza du 1er janvier au 5 septembre. Par contraste, il n’a daigné faire mention du Soudan que trois fois et autant pour le Yémen, deux pays ravagés depuis très longtemps par des guerres et la famine, et où les victimes se comptent par centaines de milliers.
Andrew Seal et l’Integrated Food Security Phase Classification (IPC)
Le 22 août, l’IPC instance reconnue par l’ONU et considérée comme l’autorité sur les crises alimentaires, a décrété dans un rapport l’état de famine dans le Nord du territoire palestinien et en particulier dans Gaza city. Oui, il y a une partie de la population souffrant de malnutrition et il serait indécent de le nier. J’ai publié un point sur mon propre blog du « Times of Israël » et y figurent plusieurs références, en particulier sur les critères de famine généralisée modifiés dans ce rapport. Andrew Seal, maître de conférences à l’University College de Londres, est l’un des six auteurs réputés objectifs ; et il mérite le détour (merci à Eitan Fischberger qui a enquêté sur ses publications). Le 15 mai dernier, il mentionne la « Nakba », disant qu’elle a vu « la destruction de l’État de Palestine par des insurgés juifs » ; plus tôt il partageait des vidéos d’Al Jazeera glorifiant des terroristes palestiniens ; il partage aussi des publications de la République Islamique d’Iran ; et il soutient l’armée islamiste des Houthis du Yémen, justifiant ses attaques contre la navigation en Mer Rouge.
Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU
Cette juriste italienne a été nommée en 2022 « rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les territoires palestiniens ». Au printemps dernier, plusieurs États occidentaux dont les États-Unis et des grandes organisations juives se sont opposés au renouvellement de son mandat, pourtant acté ensuite par l’ONU. Les motifs n’étaient pas la base juridique de son enquête, mais comme l’écrit le ministère des Affaires étrangères israélien le fait « d’avoir violé les normes d’impartialité et d’intégrité professionnelle nécessaires à son mandat ». Quelques exemples : dans une interview, elle a dit que « le Hamas est une force politique élue, et pas une bande d’assassins » ; elle a refusé de condamner les massacres du 7-Octobre ; elle n’a pas condamné non plus la vague mondiale d’antisémitisme, tout en accusant par ailleurs un « lobby juif » ; elle a participé à des réunions sous l’égide d’organisations terroristes ; elle a dit qu’Israël ne pouvait pas revendiquer un droit à la légitime défense ; elle a nié son droit à l’existence, disant que c’était depuis le début « un État colonial » ; et à propos de Gaza, elle affirme qu’Israël commet un génocide, sans attendre les conclusions de la Cour Internationale de Justice. Francesca Albanese a fait l’objet depuis de sanctions américaines ; ce qui a inspiré sur les réseaux sociaux une campagne pour qu’elle obtienne le Prix Nobel de la Paix !
L’Association Internationale des chercheurs sur les génocides
Fondée en 1994 par des universitaires, « l’International Association of Genocide Scholars » (IAGS) était a priori considérée comme une instance académique sérieuse. Son expertise a été reconnue pour évaluer divers massacres, plus ou moins anciens. Étrangement cependant elle s’est ouverte, dans une démarche bien douteuse « d’intersectionnalité », à des militants d’associations humanitaires, artistes, journalistes, etc. Coup de tonnerre début septembre, on apprenait que les 500 experts de cette association avaient conclu à l’existence d’un génocide à Gaza : cela a suffi, par exemple à RFI et Médiapart, pour s’en faire l’écho. Malheureusement pour ceux qui l’ont diffusée, cette information relevait d’une véritable escroquerie. En effet, deux enquêteurs, Salo Aizenberg et – déjà cité – Eitan Fishberger, allaient rapidement découvrir : que seuls 28 % des membres de l’association avaient voté sur la résolution ; qu’il était impossible de retrouver une procédure claire pour de tels votes ; pire encore, que ceux qui avaient participé à cette consultation comprenaient un grand nombre de membres récents, dont beaucoup enregistrés au Irak ; et qu’il suffisait de trente dollars pour être inscrit et voter. Le site fut alors rapidement l’objet d’une marée de nouveaux inscrits aux patronymes fantaisistes, comme… Adolf Hitler ; et l’IGAS décida de le mettre hors service pendant un moment.
Jean Corcos