Échauffourées aux Caraïbes – David Bensoussan
Échauffourées aux Caraïbes – David Bensoussan
Les rencontres annoncées, puis ajournées, entre Donald Trump et Vladimir Poutine laissent entrevoir une réalité géopolitique troublante : la paix en Ukraine demeure un horizon incertain.
Malgré des pertes militaires, économiques et humaines considérables, la Russie ne semble pas disposée à infléchir ses ambitions. Avec un « stock » de plusieurs millions de réservistes, elle est prête à poursuivre le conflit, quels qu’en soient les coûts.
Face à cette obstination, le président Trump brandit la menace de livrer à l’Ukraine des missiles Tomahawk capables d’atteindre Moscou. En réponse, la Russie resserre ses liens militaires avec Cuba, ravivant les souvenirs brûlants de la crise des missiles de 1962 : les missiles balistiques russes avaient été retirés de Cuba lorsque le président Kennedy lança une attaque qui fut interrompue in extremis.
À noter : quelques milliers de mercenaires cubains combattent aux côtés des Russes en Ukraine. En outre, la Russie a effacé la dette cubaine de 32 milliards et a promis d’investir un milliard dans l’économie cubaine.
Cuba n’est qu’un élément d’un échiquier plus vaste
Pendant la guerre froide, Moscou a appuyé des mouvements révolutionnaires d’extrême gauche en Amérique centrale et du Sud, tandis que Washington, fidèle à la doctrine Monroe, s’efforçait d’empêcher toute implantation durable de puissances étrangères dans son hémisphère.
Le blocus américain de Cuba, un temps assoupli par Barack Obama, a été rétabli avec vigueur par Donald Trump, ravivant les tensions dans la région.
Légalement, Trump peut déclencher une attaque contre le Venezuela. Cette dernière ne pourrait être interrompue que si les deux tiers du Congrès américain s’y opposent. Une telle majorité serait fort difficile à réunir.
Depuis l’ère Hugo Chávez, le Venezuela s’est aligné sur une politique ouvertement anti-américaine et s’est rapproché de la Russie
Dans ce pays, les alliances entre le Hezbollah et les cartels de la drogue forment une combinaison explosive, un cauchemar stratégique pour les responsables de la sécurité nord-américaine. Les réseaux du narcotrafic, poreux et transnationaux, peuvent servir de vecteurs à des mouvements terroristes, d’autant plus que l’immigration incontrôlée a ouvert des brèches dans le dispositif de sécurité américain.
Les récentes attaques de navires par des groupes vénézuéliens qualifiés de narcoterroristes ont fait monter la tension dans les Caraïbes
Un partenariat stratégique entre la Russie et le Venezuela a été ratifié au mois d’octobre 2025.
Le golfe du Mexique – rebaptisé « golfe d’Amérique » par Donald Trump – est aujourd’hui au cœur des préoccupations économiques et militaires des États-Unis. Plus de la moitié du commerce maritime américain y transite, à travers les ports stratégiques du Texas et de la Louisiane. Une présence militaire renforcée, au Nord et au Sud de Cuba, vise désormais à prévenir toute projection de puissance russe dans la région.
Dans ce climat de confrontation, Trump a appelé ouvertement au départ de Nicolás Maduro
Le président vénézuélien, contesté et craintif, se barricade derrière un bouclier humain, tandis qu’une partie importante de la population est excédée, réclame son départ et dénonce des élections truquées. En face, la figure charismatique de l’opposition, María Corina Machado, récemment récompensée par le prix Nobel de la paix, incarne l’espoir d’un renouveau démocratique.
En toile de fond, un parallèle s’impose : la Russie, qui redoute d’être encerclée par l’Occident via l’Ukraine, et les États-Unis, qui refusent de voir émerger une menace hostile à leurs portes dans les Caraïbes.
Les vieux réflexes de la guerre froide refont surface
Le décor tropical ne doit pas masquer la gravité du moment : le monde assiste peut-être à la reconfiguration d’un équilibre global : instable, volatil, et d’autant plus dangereux qu’il s’enracine dans l’héritage de la confrontation Est-Ouest.
