Peuples-monde de longue durée : Chinois, Indiens, Iraniens, Grecs, Juifs, Arméniens

Peuples-monde de longue durée : Chinois, Indiens, Iraniens, Grecs, Juifs, Arméniens
Seuls quelques peuples au monde, devenus nations, peuvent se prévaloir d’une longévité multimillénaire, de l’Antiquité à nos jours : ce sont les Chinois, les Indiens, les Iraniens, les Grecs, les Juifs et les Arméniens. Malgré des conquêtes, des assimilations partielles, ou des dominations coloniales, ces six peuples-monde de la longue durée ont réussi à maintenir – ou à restaurer – leur langue, leur culture et/ou leur spécificité religieuse, et à reconstituer un État indépendant.
Chinois ou Iraniens se sont appuyés sur un vaste socle territorial et des dynasties impériales successives. Grecs ou Indiens ont alterné morcellement politique récurrent et périodes d’unification impériale. Juifs ou Arméniens se sont très tôt dispersés dans l’espace méditerranéen et eurasien, puis mondial. Contrairement aux Égyptiens, aucun d’entre eux ne s’est transformé au contact de ses conquérants. Quels sont les facteurs qui contribuent à expliquer une telle longévité, un tel rayonnement et une telle résilience chez ces six peuples ?
Une emprise territoriale, une masse démographique, une capacité à s’insérer au sein de réseaux d’échanges mondiaux ? Quel rôle ont pu jouer les religions, les structures sociétales, les institutions politiques ou encore, les langues dans la capacité qu’ont eu ces peuples à perdurer sur près de trois millénaires ? Leur comparaison devrait permettre de mieux appréhender la signification géohistorique de ce concept de «peuple-monde de la longue durée. Michel Bruneau, géographe, Directeur de recherche émérite au CNRS, a travaillé en Asie du Sud-Est, en particulier en Thaïlande, dans la première moitié de sa carrière. Il a ensuite consacré ses recherches aux diasporas et au transnationalisme à travers le cas de la diaspora grecque et des comparaisons de diasporas et de communautés transnationales d’un point de vue transdisciplinaire.