Interpréter le Cantique des cantiques – David Bensoussan
Interpréter le Cantique des cantiques
David Bensoussan
Auteur de l’ouvrage L’arc-en-ciel du Cantique des cantiques
La Bible se lit de gauche à droite ou de droite à gauche,
mais elle doit se lire de haut en bas pour rebondir
de toujours plus bas à toujours plus haut
Sous un ciel d’Orient, dans un souffle d’encens,
Un chant d’amour s’élève, pur et incandescent.
Cantique des cantiques, mystère de passion,
Qui mêle chair et âme en juste communion.
Littéral, le Pshat nous parle d’un amour
Entre deux cœurs humains s’unissant sans détour.
Le bien-aimé s’avance, la Sulamite attend,
Le désir les étreint, ardent, éblouissant.
Beauté des métaphores, des gestes et des mots,
Éloge de la femme au regard clair et chaud.
Son corps est un poème, un jardin enivrant,
Qu’éveille le printemps sous les cieux éclatants.
Mais cet amour charnel, chanté sans réticence,
Trouve en son expression la plus grande décence.
Le Drash nous entraîne aux sentiers de l’histoire,
Quand Dieu guida son peuple dans l’épreuve et l’espoir.
L’alliance est l’étreinte, le désert est l’attente,
Le Sinaï devient noce, union éclatante.
La Sulamite, Israël, parfois se détourne,
Mais revient vers l’Époux dont la présence illumine.
Et Dieu, malgré l’exil, console et se souvient
Du temps des fiançailles, des jours anciens et saints.
Ainsi le chant se fait mémoire et prophétie,
Reflet d’une ferveur que rien ne modifie.
Le Remez dévoile, dans les plis du symboles,
Des échos de sagesse, d’antiques paraboles.
Le chant devient l’image d’un dialogue sacré,
Entre l’âme et son Dieu, mystérieux fiancés.
Le bien-aimé s’efface, puis revient à l’aurore,
Et l’âme en sa quête l’appelle et le déplore.
La quête se poursuit dans l’ombre des jardins,
Où l’on cherche la voix, la trace, les parfums.
Ici, chaque verset résonne comme un signe,
Une lettre de feu dans la nuit qui chemine.
Enfin vient le Sod, secret de la kabbale,
Où le chant s’élabore en spirale mentale.
Chaque mot est une clé, un nom ineffable,
Un souffle de lumière dans l’obscur impalpable.
La Sulamite incarne la Présence d’en haut,
Et l’Époux le mystère des mondes les plus beaux.
Leurs étreintes célèbrent, en langage divin,
L’union des séphirot dans l’éclat séraphin.
Ainsi, dans les hauteurs, l’amour devient prière,
Un feu qui transfigure l’argile et la lumière.
Cantique des cantiques, jardin aux mille voies,
Tu lies corps et mystique, beauté et Torah.
Et si ton chant d’amour traverse les saisons,
C’est qu’il porte en son cœur toutes les dimensions.
Quiconque t’interroge selon son propre appel
Y trouvera l’écho de l’humain et du ciel.
