Le piège gazaoui – David Bensoussan

Le piège gazaoui – David Bensoussan
L’auteur est professeur de sciences à l’Université du Québec
On persiste à croire que Gaza est sous occupation israélienne, alors qu’Israël s’en est totalement retiré en 2006. La bande de Gaza a également une frontière avec l’Égypte, souvent oubliée dans les débats. Malgré un discours médiatique dominant dénonçant un blocus exclusivement israélien, Israël fournissait encore à la veille du 7 octobre de l’eau, de l’électricité, du carburant et des soins médicaux à Gaza. En 2023, on comptait 36 hôpitaux pour 2 millions d’habitants développés avec le soutien israélien. Par ailleurs, un projet d’élargissement du quota de travailleurs gazaouis en Israël — de 18 000 à 50 000 — était en discussion.
Cette réalité contraste fortement avec les accusations de génocide portées contre Israël. Le taux de natalité des Palestiniens, l’un des plus élevés au monde, et leur accès aux soins médicaux israéliens en témoignent. L’Autorité palestinienne elle-même a refusé à deux reprises une solution à deux États proposée par Israël. Les attentats suicides qui ont suivi ces refus ont marginalisé la gauche israélienne et alimenté une défiance durable.
Le Hamas : architecte d’une souricière humaine
C’est dans ce contexte que le Hamas a méthodiquement mis en place un piège stratégique, avec le soutien massif du Qatar. Détournant une aide internationale considérable, le Hamas a creusé un réseau de tunnels sur des centaines de kilomètres, servant à stocker des missiles et à se dissimuler parmi les civils. Alors que ses dirigeants prétendent "mourir de faim", l’organisation dispose d’un arsenal digne d’un État. Cette contradiction souligne l’instrumentalisation cynique de la misère gazaouie.
Le massacre du 7 octobre, d’une sauvagerie revendiquée, visait à détruire toute possibilité de négociation. Contrairement aux nazis qui cachaient leurs crimes, le Hamas les diffuse fièrement. Sa doctrine, héritée des Frères musulmans, glorifie le martyre et le sacrifice d’enfants. La devise du fondateur de ce mouvement Hassan al-Banna se résume à la formule : « Le sacrifice est notre plus grande espérance. »
L’objectif était clair : provoquer une riposte israélienne massive, susciter l’indignation internationale, et rompre les perspectives de paix, notamment entre Israël et l’Arabie saoudite.
Gaza, champ de bataille médiatique
Ce plan n’aurait pu aboutir sans le soutien actif du Qatar, qui finance à la fois le Hamas et une vaste campagne d’influence médiatique. À travers sa chaîne Al Jazeera et ses investissements dans les universités occidentales, le Qatar façonne les récits, y compris dans les médias les plus réputés. Dès le 8 octobre, avant toute réponse militaire israélienne, des manifestations propalestiniennes voyaient le jour sur les campus nord-américains. Nombre de médias occidentaux reprennent sans distance les chiffres du prétendu "ministère de la Santé du Hamas", oubliant que cette entité relève directement d’un groupe terroriste.
Pendant ce temps, la population de Gaza est utilisée comme bouclier humain. Le Hamas accapare l’aide, interdit l’accès à ses tunnels aux civils, et pousse les enfants à mendier, casseroles en main, face aux caméras. Il sabote toute initiative de paix, tout en se posant en victime.
Un dilemme tragique pour Israël
Israël fait face à un choix dramatique. Une occupation prolongée pour éliminer le Hamas risquerait de fracturer la société israélienne et de détériorer encore ses relations avec la communauté internationale. Un cessez-le-feu, en revanche, permettrait au Hamas de se réarmer et de préparer d’autres massacres. Dans tous les cas, le piège fonctionne : Israël est contraint de frapper, ce qui alimente les accusations, tandis que le Hamas conserve le contrôle de la narration mondiale.
La stratégie du Hamas repose donc sur une mécanique redoutable : déclencher la guerre, provoquer cyniquement des pertes civiles inévitables, instrumentaliser ces pertes pour s’attirer la sympathie internationale, et délégitimer Israël sur la scène mondiale.
Le Qatar, quant à lui, poursuit un double jeu dangereux. D’un côté, il finance le Hamas et héberge ses dirigeants. De l’autre, il se pose en médiateur. Il influence les opinions à coups de milliards dans les universités occidentales et contrôle la narration à travers Al Jazeera. Cette guerre d’influence, bien orchestrée, a affaibli l’Occident dans sa capacité à analyser les faits de manière lucide.
Vers quel avenir ?
Récemment, le Hamas a proposé un échange : libération des otages contre liberté de se réarmer. Le gouvernement israélien a rejeté cette exigence. Cette situation rappelle un précédent historique : durant la Seconde Guerre mondiale, les Alliés ont exigé la reddition sans condition de l’Allemagne nazie et procédé à des bombardements massifs sans avertissement préalable. Toute guerre a ses tragédies. Gaza n’y échappe pas.
La reconstruction sera longue. Mais tant que les Frères musulmans et les mollahs iraniens poursuivront leur œuvre de déstabilisation, la paix restera hors de portée. Leurs agissements doivent perçus comme un avertissement pour les sociétés démocratiques. L’enseignement de la haine, perpétué même sous l’Autorité palestinienne, est le principal obstacle à une paix durable. Ce n’est pas une simple rhétorique : c’est un système, une culture politique.
Le piège gazaoui tendu par le Hamas et le Qatar est plus qu’un affrontement régional : il est devenu un levier global pour ébranler l’Occident et délégitimer Israël. Pour en sortir, il faudra non seulement des réponses militaires et diplomatiques, mais surtout, un travail en profondeur sur la déradicalisation et l’éducation à la paix.