Le Rabbi de Loubavitch sur le précepte de se couvrir les cheveux

Le Rabbi de Loubavitch sur le précepte de se couvrir les cheveux
Bénédictions d’en haut et bénédictions d’en bas
par Rivkah Slonim
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Dans son étude de référence sur l’orthodoxie en Amérique entre les années 1880 et 1945, Jenna Weissman Joselit remarque : Ce qui animait et entretenait cette expérience (la pratique de la tradition, ndlr) n’était pas une préoccupation continue pour la loi juive (laHalakha) ou une nostalgie collective de la piété de la génération précédente, celle des parents, mais plutôt un flirt continu avec la modernité. Au lieu de fuir la modernité, les orthodoxes de l’entre-deux-guerres l’ont embrassée, se sont soumis à ses contraintes et ont façonné leurs institutions conformément à ses exigences [p20]… Cantonnant les pratiques extérieurement visibles au minimum, les Juifs orthodoxes de cette époque n’affichaient pas publiquement leur orthodoxie. « Ce n’était certainement pas une période où l’on manifestait son judaïsme à l’extérieur, raconte un rabbin. C’était un temps où l’on gardait son judaïsme pour soi. Porter une kippa dans la rue était alors impensable. »L’absence de vêtement distinctif est une caractéristique de cette époque. [p21] Dans ce même livre, dans son chapitre consacré aux femmes intitulé « La prêtresse juive et la tradition : la vie sanctifiée des femmes orthodoxes américaines », la question du couvre-chef des femmes mariées n’est même pas mentionnée. Il voulait substituer l’aversion qui prévalait à l’idée de paraître différent et « trop juif » par un fort sentiment d’identité et de fierté C’est dans un tel contexte que le septième Rabbi de Loubavitch, Rabbi Mena’hem Mendel Schneerson, de mémoire bénie, prit la direction du mouvement en 1950. Au temps de la Seconde Guerre mondiale, la présence Loubavitch en Amérique était relativement réduite, à l’instar de tant d’autres groupes ‘hassidiques. Dans la mesure où il n’y avait que très peu de jeunes femmes au sein du mouvement Loubavitch à cette époque, de nombreux jeunes ‘hassidim prirent pour épouses des femmes issues de foyers orthodoxes « américains », dans lesquels le principe selon lequel une femme mariée se couvre les cheveux était le plus souvent négligé. Même les jeunes femmes venues de Russie avec leurs familles ‘hassidiques ne respectaient pas toutes ce précepte, dont la pratique avait décliné sous le régime communiste. À travers les propres propos du Rabbi dans sa correspondance et dans ses discours publics, il est possible de retracer sa campagne méthodique pour promouvoir et rétablir la mitsva de la coiffure féminine comme étant une nécessité s’imposant aux femmes mariées. Il est important de rappeler que le Rabbi n’était pas seulement le chef spirituel d’un groupe particulier, à savoir ceux qui se considéraient comme des loubavitcher ‘hassidim. De ce qui a été publié de sa volumineuse correspondance, on peut constater que, dès les premiers jours de son leadership, l’influence du Rabbi s’étendait déjà sur une très vaste partie du monde juif. Durant cette première période, il s’employa à démontrer que la couverture des cheveux relevait de la loi juive et non de quelque obscure coutume d’un autre âge. Le Rabbi affirma que la loi juive exigeait que la totalité – et pas seulement une partie – de la chevelure d’une femme mariée doit être couverte. Il voulait substituer l’aversion qui prévalait à l’idée de paraître différent et « trop juif » par un fort sentiment d’identité et de fierté, tout en restant sensible à la préoccupation des femmes au sujet de leur apparence. Pour cette raison, le Rabbi préconisa le port de perruques plutôt que de foulards, qu’il reconnut être une option peu attrayante, voire intenable, pour la plupart des jeunes femmes juives en Amérique. Le Rabbi craignait que la majorité des femmes, même les plus pieuses, ne portent pas le foulard de façon régulière et de manière à couvrir entièrement les cheveux. Il apparaît que, dès cette époque, le Rabbi anticipait la forte augmentation du nombre des femmes pratiquantes, dont les engagements professionnels et sociaux empêcheraient de se couvrir les cheveux avec des foulards ou des chapeaux. Sans l’option de la perruque, de nombreuses femmes n’auraient pas même envisagé de se couvrir la tête. L’encouragement du port de la perruque est une des premières illustrations de la manière dont le Rabbi allait tirer parti des derniers progrès des temps modernes en faveur de la Torah et des mitsvot. Au début, la position du Rabbi ne fut pas populaire. La plupart des femmes n’avaient tout simplement pas envie de se couvrir les cheveux, tandis que d’autres trouvaient l’idée d’une perruque tout à fait étrange et l’associaient à une apparence fade. Affichant une patience et une sensibilité hors du commun face aux problèmes psychologiques et sociologiques en jeu, le Rabbi persista dans ses efforts. Finalement, cela porta ses fruits. À la fin des années 1960, grâce à la fervente campagne du Rabbi en faveur du port de la perruque, celle-ci devint la norme dans la majorité des milieux orthodoxes. Au début, la position du Rabbi ne fut pas populaire. La plupart des femmes n’avaient tout simplement pas envie de se couvrir les cheveux Un exemple de l’approche du Rabbi ressort des extraits suivants d’un de ses discours publics, appelés communément farbrenguens, qu’il prononça le Roch ‘Hodech Eloul 1954 :
Dans le passé, la coutume était de couper complètement les cheveux ou de les raser [et de les couvrir avec un foulard]. Avec le temps, la coutume du port de la perruque s’est répandue, en particulier de nos jours où l’on peut acheter des perruques aux teintes variées, qui peuvent même s’avérer plus jolies que ses véritables cheveux.
Le Rabbi est allé jusqu’à affirmer que les perruques pouvaient même être plus attrayantes que les propres cheveux d’une femme.
De toute évidence, le Rabbi souhaitait motiver les femmes à porter la perruque et à rester fermes dans leur observance face aux pressions sociales. Une lecture plus attentive, cependant, révèle des nuances supplémentaires dignes d’être remarquées. Il y a tout d’abord la considération du Rabbi pour le fait que l’identité de la femme est profondément liée à son apparence. Il comprenait combien cet élément était décisif dans sa décision de se couvrir la tête ou non. Lesfarbrenguens du Rabbi étaient des événements sérieux, au cours desquels il discutait pendant de longues heures de différents aspects de la Torah et exposait des concepts très profonds. Il prononça ce discours devant un rassemblement de centaines d’hommes et très peu de femmes, pourtant le Rabbi ne chercha pas à cantonner cette importante question à une polémique halakhique ou philosophique. Le Rabbi est allé jusqu’à affirmer que les perruques pouvaient même être plus attrayantes que les propres cheveux d’une femme. À l’époque, cela était destiné à encourager et éduquer les femmes qui étaient d’avis que les perruques manquaient d’esthétique. En comparaison avec ce que les femmes pouvaient avoir porté dans les générations précédentes, les nouvelles perruques, disait le Rabbi, étaient attrayantes. Aujourd’hui, alors que l’industrie de la perruque, à la pointe de la technologie, offre vraiment un choix de belle qualité, tant en cheveux synthétiques qu’humains, il est intéressant de constater que le Rabbi n’avait aucune objection à ce que les perruques améliorent l’apparence de la femme ; il a au contraire encouragé les femmes à tirer profit de cette opportunité. Encore aujourd’hui, dans beaucoup d’esprits, persiste la notion erronée selon laquelle un couvre-chef est destiné à nuire à la beauté d’une femme mariée (ce qui conduit à la question omniprésente de savoir en quoi se couvrir les cheveux avec une perruque attrayante est utile). Les paroles du Rabbi éclairent ce qui doit être l’approche appropriée pour cette mitsva. Le Rabbi recevait un volume de courrier légendaire chaque jour, dans lequel se trouvaient des lettres de femmes et d’hommes exprimant leur appréhension quant à l’observance de cette mitsva. Dans d’autres cas, le Rabbi soulevait la question lui-même. Dans un cas comme dans l’autre, ses mots sont empreints d’un sentiment d’importance et d’urgence, comme il apparaît dans l’échantillon ci-après :
À son habitude, le Rabbi exhortait ceux qui étaient fidèles à l’observance de cette pratique à encourager aussi leurs pairs à faire de même11 : « Vous devez veiller également à ce que les autres agissent de la même manière, en leur expliquant que c’est la voie et la ségoula pour obtenir santé, subsistance, et véritable na’hat (satisfaction) de ses enfants. D.ieu aidera à ce que vous me donniez de bonnes nouvelles à ce sujet. » À son habitude, le Rabbi exhortait ceux qui étaient fidèles à l’observance de cette pratique, à encourager aussi leurs pairs D’après la lettre suivante, il apparait clairement que la résistance à la mitsva de se couvrir les cheveux prit plusieurs formes. Pour ce correspondant, le problème est moins d’ordre pragmatique et davantage de nature théologique. Il est intéressant de remarquer que le Rabbi ne lui a pas répondu en donnant des raisons philosophiques ou mystiques de cette mitsva. Pour de nombreuses femmes (et hommes), aucune raison ne sera jamais assez convaincante. Le Rabbi a préférer souligner que le respect de toutes les mitsvot (y compris celle de se couvrir les cheveux) est d’abord et avant tout fondé sur la soumission à la volonté de D.ieu :
En 1957, lors d’un farbrenguen à l’occasion de la fête de Chavouot, le Rabbi a donné à ce débat une nouvelle direction13 : L’un des aspects les plus essentiels de la conduite de la femme juive qui a une portée considérable sur ses fils et filles, est sa pudeur… « Toute la gloire de la fille du roi est à l’intérieur » (Psaumes 45, 14). Ainsi, le Talmud (Yoma 47a) rapporte la pudeur exceptionnelle de Kim’hit : Kim’hit eut sept fils qui méritèrent tous de servir en tant que Grands Prêtres. Les Sages lui demandèrent « Qu’as-tu fait pour mériter cela ? » Elle leur répondit : « Les murs de ma maison n’ont jamais vu les tresses de mes cheveux. »
Le Rabbi souligna le profond impact de la pudeur d’une femme sur ses enfants. Dans ce but, il s’adressa directement à l’instinct maternel Le Rabbi souligna le profond impact de la pudeur d’une femme sur ses enfants. Dans ce but, il s’adressa directement à l’instinct maternel ; même une femme farouchement opposée à cette pratique pouvait réévaluer son point de vue en considérant les bienfaits spirituels considérables dont ses enfants pouvaient bénéficier. Bien que la position du Rabbi fût considérée par beaucoup comme stricte, il y avait ceux qui la considéraient comme permissive. Il existe des communautés où les perruques ne sont pas du tout jugées acceptables sur le plan halakhique, en raison de leur similitude avec les cheveux féminins. Dans d’autres communautés, les femmes portent des perruques, mais les couvrent partiellement avec un foulard ou un chapeau afin de signaler qu’elles se couvrent effectivement les cheveux. L’avis du Rabbi était qu’il n’y a aucune obligation halakhique de couvrir une perruque. Le Rabbi a reçu des questions de femmes originaires de familles ou de communautés dont la tradition de longue date était de porter un foulard couvrant entièrement les cheveux et/ou le port d’un double couvre-chef (par exemple un chapeau par-dessus une perruque). Dans chaque cas, le Rabbi expliqua patiemment sa position tout en les encourageant à poursuivre dans leur coutume familiale ou communautaire. Dans la lettre ci-dessous, nous pouvons voir ces deux pôles s’articuler dans la réponse du Rabbi :
En 1960, le Rabbi a répondu à une femme qui lui écrivait à propos de ses difficultés à se couvrir les cheveux au moyen d’une perruque alors que les autres femmes de sa communauté ne le faisaient pas. Dans sa réponse, le Rabbi souligna que l’homogénéité du paysage américain était en train de céder la place à une nouvelle appréciation, et à une fierté, des diverses religions et cultures ethniques. Outre son message sur l’importance de la « crainte du ciel », il l’encouragea à puiser des forces dans les changements qui s’opéraient dans la société :
Le Rabbi offrit lui-même à de nombreux couples une aide financière pour l’achat d’une perruque
Une autre manière dont le Rabbi défendit cette cause fut lors de conversations avec des futurs mariés, leurs parents et d’autres qui venaient le voir en audience privée. Selon de nombreux témoignages, le Rabbi exhortait les jeunes couples à faire passer l’achat d’une perruque en première priorité dans leurs préparatifs du mariage. Le Rabbi insistait pour que la mariée s’achète la plus belle perruque qu’elle puisse trouver et, à certains, il soulignait expressément la nécessité d’en avoir deux, de sorte que si l’une est en cours de lavage, l’autre demeure utilisable. Dans certains cas, le Rabbi rendait même le fiancé responsable de cet achat. Le Rabbi offrit lui-même à de nombreux couples une aide financière pour l’achat d’une perruque et, à au moins deux reprises, il donna à des futures mariées de quoi régler l’achat de leur perruque en totalité. Durant la première décennie de son leadership (1950-60), le Rabbi officia comme rabbin lors de plusieurs mariages. Parmi les conditions qu’il fixait pour officier, il y avait l’engagement de la mariée de porter une perruque après le mariage. C’était un grand honneur d’être mariés par le Rabbi et de nombreuses jeunes femmes retirèrent de cet honneur l’inspiration de commencer à porter la perruque. Le fait que se couvrir les cheveux est une segoula, une source de bénédiction, était la caractéristique principale de l’approche du Rabbi. Dans chacun des exemples cités ici, et dans des centaines d’autres, le Rabbi a souligné la façon dont cette mitsva particulière est un vecteur de bénédictions pour le foyer et la famille, en particulier celles des enfants et de la prospérité. Le Rabbi ne se lassait pas de citer les paroles du Zohar ; c’était, après tout, la mission de sa vie d’apporter les bénédictions d’en bas (matérielles) et les bénédictions d’en haut (spirituelles) dans la vie des Juifs. Puissions-nous toujours être bénis de la sorte. |
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2 thoughts on “Le Rabbi de Loubavitch sur le précepte de se couvrir les cheveux”
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Kissouy Rosh/habad
C’est donc un fait acquis que tout habadnik est un militant et que tout article sur le rabbi de loubavitch est un panégyrique.
Néanmoins, un minimum d’esprit critique ( les pages du Talmud en regorgent) et un minimum de synthèse des avis sur un sujet traité ( choulhan aroukh et ses commentateurs) doit prévaloir.
Au lieu de cela que lit on? Le judaïsme américain n’était rien jusqu’à ce que… Le rabbi survint. Quid du rav kotler, du rav feinstein et des dizaines d’autres poskim des années relatées dans cet article.
Quant au traitement halakhique de cette question, 2 remarques:
– dans le milieu orthodoxe, voire ultra orthodoxe dans lequel le mouvement habad veut se situer, le rabbi de loubavitch nonobstant sa grandeur personnelle n’est pas considéré comme un possek, un décisionnaire halakhique du fait qu’il a poursuivi des études extra thoraniques.
– une sérieuse controverse perdure encore sur la nature de ce qui doit couvrir les cheveux féminins ( foulard, perruque naturelle ou synthétique, tête rasée ou non, taille de la chevelure visible ou non, etc…).
Enfin, une conclusion personnelle: la « magification » des rabbins aussi éminents soient ils a mis à mort un judaïsme qui prévalait de Moshé ( rabbénou) jusqu’à Moshé ( Ben Maïmon). Souhaitons que des talmidey hakhamim relèvent le défi courageux de mettre fin à cette marche délétère.
Reponse a Yiitzhak
Yizhak,
Je ne vais pas ecrire 3 pages a ce sujet mais juste quelques remarques
1. J’imagine que tu as du respect pour les Tzadikim et que tu ne questionnes pint Baba Salle ou autre Tzadikim concernant leur amour du prochian et des suggestions qu’ils ont faites alors pourquoi essaye de diminuer ce que le Rabbi a fiat est fait encore pour notre peuple
2. Donnes moi un seul exemple d’une autre autorite rabbinique qui cofnfirme que les etudes ajoutees a ceux de la Tora empeche d’etre possek
3. Le Rabbi a toujours conseille de consulter un Possek ce qui ne signifies pas l’incapacite Chas Veshalom de confirmer un Psak
4. Je pense que l’influence Litvak sur toi projets cette haine envers Chabad, La Chassidout et Tzadikims
Je te suggere de te pencher sure les ensignements du Rabbi avec une Chavrouta car le cote academique et autodidacte ne t’aidera pas a ameliorer ta Emouna
Kol Touv